Club Lecture du 3 octobre 2015
C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman
passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans
une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes
d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il
attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem.
C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On
les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni
loi.
Commence alors une dérive qui l’amènera à servir
les textes – et les morts – de manières inattendues, à
confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les
projets d’exil.
Nous
l'avons lu comme un roman initiatique, un jeune seul, doit survivre.
Un roman d'actualité qui pose les éléments d'une problématique
actuelle : tomber dans l'intégrisme, ou y résister. Comment
l'un (son ami d'enfance) se laisse convaincre, et l'autre ne réagit
pas, ne sait pas ou n'y croit pas ? Il a surtout soif de
découvrir, est curieux et voudrait sortir de cet enfermement qui
paraît inéluctable.

De
mémoire d'homme, aucun meurtre n'a jamais eu lieu sur l'île
d'Entrée, située dans l'archipel de La Madeleine, à l'est du
Canada, et peuplée par une poignée de familles d'origine écossaise
pour la plupart. Jusqu'à cette nuit de tourmente où James Cowell
est poignardé à mort. Sa femme prétend qu'un assaillant s'en est
pris à elle avant de tuer son mari, mais tous suspectent cette
épouse d'un couple vacillant. Tous, sauf Sime Mackenzie. Seul
anglophone parmi les enquêteurs envoyés sur place, il éprouve un
choc en découvrant Kirsty Cowell. Le sentiment irréfutable de la
connaître depuis toujours. Isolé dans une équipe où œuvre comme
spécialiste des scènes de crime son ex-femme Marie-Ange, meurtri
par l'échec de son mariage, rompu par l'insomnie, Sime sombre dans
un état second où la réalité se mêle à des rêves étranges,
faisant ressurgir l'histoire de son aïeul, expulsé de l'île de
Lewis dans les années 1850, au moment de la Famine de la pomme de
terre. Avec la certitude folle que le destin de Kirsty comme le sien
se sont noués là, quelque cent cinquante ans plus tôt, dans un
amour interdit qui n'a cessé de brûler ni de hanter.
Nous
avons beaucoup aimé l'ambiance et l'histoire de l'aïeul, cette
période du XIXème pendant laquelle les propriétaires terriens des
îles Hébrides ont chassé les paysans vers le Canada. Nous avons
été moins convaincues en revanche par l'intrigue ; quelques
personnes ne sont pas entrées dans l'histoire policière qui ne les
pas embarquées comme dans les précédents polars de Peter May.

Quand
Honor Bright se décide à franchir l'Atlantique pour accompagner, au
cœur de l'Ohio, sa sœur promise à un Anglais fraîchement émigré,
elle pense pouvoir recréer auprès d'une nouvelle communauté le
calme de son existence de jeune quaker : broderie, prière, silence.
Mais l'Amérique de 1850 est aussi périlleuse qu'enchanteresse ;
rien dans cette terre ne résonne pour elle d'un écho familier. Sa
sœur emportée par la fièvre jaune à peine le pied posé sur le
sol américain, Honor se retrouve seule sur les routes accidentées
du Nouveau Monde. Très vite, elle fait la connaissance de
personnages hauts en couleur. Parmi eux, Donovan, «chasseur
d'esclaves», homme brutal et sans scrupules qui, pourtant, ébranle
les plus profonds de ses sentiments. Mais Honor se méfie des voies
divergentes. En épousant un jeune fermier quaker, elle croit avoir
fait un choix raisonnable. Jusqu'au jour où elle découvre
l'existence d'un «chemin de fer clandestin», réseau de routes
secrètes tracées par les esclaves pour rejoindre les terres libres
du Canada.
A
travers cette superbe lecture, nous avons fait un beau voyage dans le
temps et l'espace. L'histoire est une aventure géographique et
humaine. La carte qui figure au début du livre est d'une grande
utilité pour suivre et se repérer. Ce roman est de plus très
instructif, le chemin de fer, les esclaves et leur fuite, les
quakers, la fabrication des « quilts, l'installation des
migrants venus de Grande Bretagne, autant de sujets abordés qui nous
entraînent sur internet à la recherche de compléments
d'informations. On redécouvre le périple de ces aventuriers du
Nouveau Monde. Il y a de belles histoires de femmes, celle d'Honor,
celle de la chapelière. L'écriture de Tracy Chevalier nous fait
voir les paysages, les magasins, les rues, ..., les descriptions nous
permettent d'y entrer.
Une
jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un
chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure
fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons
insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant
pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco
cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets
enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats
uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en
réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le
partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco,
dont l’épice secrète est l’amour.Épatant,
poétique, intéressant sur le côté gustatif… certaines ont été
emballées, d'autres ont aimé sans se sentir emportées pour
autant, et on trouvé qu'il y avait des longueurs. Ont été
appréciés, la démarche de Rinco autour de la préparation de
plats, l'hymne à une cuisine partage, le respect vis à vis de
l'animal (le cochon). C'est un peu absurde, mais on prend plaisir à
lire ce roman.